Voici une publication bien particulière pour laquelle il y a eu de très nombreuses hésitations, ainsi qu'une multitude de questions, avant de procéder à sa rédaction.
Vous comprendrez, au fur et à mesure de sa lecture, les raisons de ce préambule et le pourquoi de ces interrogations.
Je précise par avance que ce long article est rédigé dans un seul et unique but : donner de l'espoir (et non rechercher des congratulations ... 😹).
Veuillez nous pardonner pour la longueur et le caractère un peu difficile de son contenu.
Nous allons essayer de nous limiter à des informations simples, compréhensibles et peu détaillées, compte-tenu de la complexité du sujet abordé.
Je reste disponible pour répondre à toutes vos questions "techniques" via la messagerie mail Outlook de notre association.
Commençons par les origines de cette histoire.
Vous vous souvenez peut être du jeune Tibou, pour lequel nous avions fondé de bons espoirs d'adoption en fin d'année dernière (ICI).
Malheureusement, nos espoirs ont été déçus, mais absolument sans aucun reproche à faire à son adoptante potentielle (nous tenons à vous le préciser).
Simplement, les horaires de travail très lourds de cette personne étaient incompatibles avec les besoins de ce jeune chat, en recherche de compagnie. Il commençait à faire de nombreuses bêtises.
Elle l'a rapidement compris et le sentait malheureux. Elle nous a contactés et nous l'a restitué, avec beaucoup de tristesse.
Tibou est donc revenu à la maison, et il a retrouvé aussitôt un comportement normal : il a besoin de présence, aussi bien humaine que féline.
Fin de la première partie, introductive. Vous allez voir que la suite aurait pu être dramatique.
Durant le début de cette année, la vie de notre ami s'est écoulée normalement et joyeusement, en compagnie de la troupe locale.
Et puis, dans les premiers jours du mois d'avril, j'ai ressenti quelque chose d'anormal chez lui, presque indicible. Une petite baisse d'appétit, moins d'énergie, de très longs moments de sommeil, une sensation d'amaigrissement ...
Sans précipitation (cela aurait pu être une très grave erreur), un rendez-vous vétérinaire a été pris.
Et le redoutable diagnostic est tombé (il a été confirmé par la suite par des tests supplémentaires) : Tibou avait un épanchement thoracique filamenteux, qui est l'un des symptômes caractéristiques de la PIF humide (Péritonite Infectieuse Féline).
Pour résumer très succinctement, la PIF est issue d'un coronavirus entérique bénin, connu de longue date (absolument rien à voir avec le Covid, malgré les délirantes stupidités que vous pourrez parfois lire ou entendre dans les médias), présent chez la plupart des chats.
Il reste inoffensif avant mutation (mécanismes mal connus) et il devient fatal une fois qu'il a muté.
Cela concerne principalement des minous jeunes ou plutôt âgés, sans en connaître clairement les raisons.
La maladie est contagieuse essentiellement par les litières pendant son développement, ce qui nécessite une bonne hygiène (eau de Javel), voire une mise à l'isolement. Cependant le risque de contagion devient faible une fois le problème déclaré.
Cette PIF, très difficile à diagnostiquer, est mortelle dans 100 % des cas.
Voir en fin d'article pour des liens
renvoyant à des informations plus complètes et détaillées.
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Une fois le choc encaissé, il reste deux solutions.
Baisser les bras .... ou bien faire appel à sa mémoire et à ses lectures.
Les analyses de Tibou étaient très correctes malgré ce triste constat. Il n'était peut-être pas trop tard.
Car, oui la PIF est mortelle, mais ... depuis 2020, un protocole établi par un vétérinaire californien donne des résultats inespérés : 80% de chances de guérison.
Le médicament administré bloque la réplication du virus.
Seulement, ce traitement n'est pas reconnu, il est difficile, contraignant, long et cher. Il faut donc se "débrouiller" pour se procurer le produit (il existe des réseaux très sérieux et compétents, avec un excellent suivi).
Il y a 84 jours de soins à prévoir, avec une injection quotidienne à heure fixe d'un produit très visqueux et très acide. La piqûre est sous-cutanée, dosée chaque jour en fonction du poids du chat. Des micro-gouttelettes peuvent provoquer des éruptions cutanées. Il y a des contrôles sanguins mensuels (certains beaucoup plus poussés qu'une simple prise de sang). Il faut débuter le plus rapidement possible une fois qu'un diagnostic a été établi.
Après ces 84 jours, il y a 84 autres jours d'observation et de suivi avec prises de sang régulières.
Vous comprenez maintenant le titre de cet article (si vous n'avez pas encore décroché 😸).
Il faut donc que le minou ait un caractère patient, gentil et bien sociable.
C'était fort heureusement le cas de Tibou.
Puisque ce protocole reste officieux, nous vous précisons que notre association n'a pas été impliquée dans ce traitement, ceci afin de ne prendre aucun risque.
Pour faire bref maintenant que tout a été mis en place pour vous expliquer la situation, nous pouvons vous dire que le traitement et le suivi post-traitement sont désormais achevés depuis la fin septembre et que l'ami Tibou est déclaré guéri de cette abominable saleté.
Il a bien du mérite car il a montré beaucoup de patience et de gentillesse (ses rebellions étaient rares).
Lors du moment le plus délicat de la maladie, son poids avait chuté à 3 kg (c'est naturellement un matou assez "fort"). Il pèse dorénavant un peu plus de 6 kg .... et Monsieur est devenu exigeant sur sa nourriture.
Il est en pleine forme(s), à tous les sens du terme.
Il faut dire qu'il a été particulièrement gâté pendant la période des soins, alors pour lui, hors de question de ne pas conserver ses acquis sociaux !
Tibou, décembre 2023
Pour conclure, ce long article - un peu technique et difficile, veuillez nous en excuser, - se veut être avant tout un message d'espoir.
- La PIF (humide ou sèche) est une maladie mortelle, difficile à diagnostiquer.
- Il existe un traitement sérieux, récent, non reconnu qui fonctionne dans 80% des cas.
- Vous ne serez pas seuls pendant cette délicate période et vous aurez soutien et conseils.
- Le protocole est long, contraignant et cher, mais - si vous pouvez vous le permettre - il mérite d'être tenté !
♦ Documentation concernant la PIF (Péritonite Infectieuse Féline) et son traitement.
- Un excellent article qui résume à peu près tout ce qu'il faut savoir sur ce sujet : ICI.
- Une intéressante thèse vétérinaire récente (de lecture très accessible !) qui donne davantage de détails sur la maladie, sur le protocole de soins et ses résultats : ICI.
Merci à vous d'être parvenus jusqu'au bout !
Montage : Photofiltre
Photos : JM