Vous vous êtes décidé, vous en avez assez de vous sentir impuissant, vous voulez aider notre association. Vous ne pouvez pas vous déplacer régulièrement sur le site de l’hôpital, vous n’avez pas les moyens de faire des dons, MAIS vous avez un appartement ou une maison dans laquelle vous pouvez accueillir le temps de le socialiser, un de nos protégés fraîchement trappé. Avant tout, merci beaucoup !
Cela dit, c’est bien joli, mais comment fait-on ?... Ci-après, vous trouverez le déroulement d’une socialisation « type ». Bien qu’on ne puisse pas vraiment généraliser l’expérience d’une socialisation, les diverses étapes qui la jalonnent et leur ordre chronologique sont grosso modo les mêmes pour tout le monde.
Commençons par le commencement :
Nous avons trappé un chat, l’avons emmené chez le vétérinaire pour le faire stériliser et identifier, et vous vous êtes proposé pour devenir sa FA (famille d’accueil). Vous avez à signer un contrat de famille d’accueil, stipulant vos droits et devoirs envers le chat et l’association. Tout se passe comme prévu, et vous allez accueillir chez vous ce petit être complexe et encore très perturbé qu’est un chat « libre », a fortiori un chat de l’hôpital !
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1ère étape : Avant l’arrivée du chat
Le chat est un animal qui a plusieurs besoins : des besoins vitaux (manger, dormir, éliminer), et des besoins comportementaux (observer, chasser/jouer, se reposer, marquer son territoire). Il est très important de respecter ces divers besoins à travers l’acquisition (ou le prêt) de certains éléments.
Vous devez au minimum vous munir d’un bac à litière (simple, pas besoin de prendre le palace trois étages avec roulement à bille et porte de derrière !), de deux gamelles de taille moyenne (l’une servant pour l’eau, l’autre pour les croquettes), de quelques jouets pour chat, et éventuellement d’un arbre à chat.
Pourquoi empêcher le chat de sortir, vous demandez-vous peut-être ? Pour la simple et bonne raison que ces chats ont été sauvés de l’hôpital. De l’environnement dangereux dans lequel ils évoluaient chaque jour. Les soumettre de nouveau à un danger, celui de se perdre, se bagarrer avec des chats dominants (donc attraper des maladies peu joyeuses, type leucose et FIV…), ou pire encore, de se faire écraser, empoisonner, martyriser…
2ème étape : Le chat vient d’arriver !
Encore tout tremblant dans sa caisse de transport, vous regardant à peine, ou alors d’une décontraction (apparente) déconcertante, laissant présager d’un esprit très vif, guettant la moindre de vos faiblesses… Il est là ! L’association vous prête normalement une cage de socialisation. Ce type de méthode peut vous paraître un peu barbare, elle est pourtant, conseillée par plusieurs autres associations. Elle a désormais fait ses preuves sur la bonne évolution de la socialisation, en accord avec le comportement du chat, outre son utilité indiscutable pour la période de quarantaine.
En effet, un chat est un animal très attaché au territoire. Pour qu’il se sente à l’aise à un endroit, il faut d’abord qu’il s’habitue à une zone restreinte. D’où l’intérêt de le placer dans cette cage, où vous aurez pris soin de disposer le bac à litière, un panier/couverture, et les deux gamelles bien remplies. Cette cage sera idéalement placée elle-même dans une pièce fermée, du type chambre d’ami, bureau, salle de bain…
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3ème étape : La socialisation à proprement parler
La quarantaine :
La période de quarantaine est très importante. Dans ce cas, impossible de faire autrement que d’isoler le chat dans sa cage, dans une pièce qui lui sera dans un premier temps entièrement consacrée. Les chats de l’hôpital sont avant tout des chats errants, abandonnés là ou nés sur place, parmi les rats, les détritus, les autres chats, les puces… Il est donc très important de respecter cette période de quarantaine, pour préserver la santé de vos chats, si vous en avez, et permettre le traitement éventuel du chat en accueil.
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Les premiers jours :
Vous passerez au moins deux ou trois heures par jour avec le chat, dans la pièce d’isolement. Tout d’abord, cela commence par quelques mots, quelques bruits. Votre odeur. Vos gestes. Ne vous sentez pas ridicule de lui parler, le chat a beau ne pas parler l’humain, il ressent vos émotions, votre tonalité de voix, et sera très réceptif à vos paroles même s’il ne le montre pas. Il s’habituera peu à peu à votre présence. N’oubliez pas de vous laver les mains à chaque fois que vous sortez de la pièce. Si vous avez d’autres chats, l’idéal est d’avoir une tenue (chaussures comprises) spécifique, que vous enfilerez à chaque fois que vous entrerez dans la pièce, et enlèverez à chaque fois que vous la quitterez. En pratique, cela est assez contraignant : du moment que vous vous lavez les mains, et que vous faites bien attention au moindre signe suspect, tout ira bien !
Ne vous inquiétez pas outre mesure si le jour-même de son arrivée, ou le lendemain, le chat n’a pas touché à sa gamelle de croquettes, et/ou n’a pas utilisé sa litière. Le stress de son trappage, de son opération, de tous ces bouleversements soudains peut affecter son rythme. Si cela persiste au bout de deux jours en revanche, il faut nous en avertir immédiatement. Généralement, tout se passe bien ! Le chat va commencer à manger, à aller à la litière, voire jouer un peu avec une souris ou une balle que vous lui aurez laissé. Pour l’instant, sa vie active se passe la nuit, mais il finira par s’adapter à votre rythme.
Bientôt, vous pourrez tenter quelques approches avec un jouet, un plumeau. Jamais avec la main, car pour l’instant, la confiance en vous n’existe pas. Une main est un danger, c’est une agression, et le chat réagira en conséquence ; tandis qu’un jouet est une curiosité qu’on peut éventuellement s’aventurer à venir renifler… Par la suite, pour l’habituer progressivement à la main, vous pourrez lui donner à manger d'abord dans une grande cuiller, puis dans une petite, puis petit à petit, du bout des doigts, un peu de jambon de dinde, de pâtée appétissante. La gourmandise est un vilain défaut, mais chez le chat c’est un atout de socialisation non négligeable !
Les progrès arriveront à des vitesses variables : autant certains chats sont prêts à être adoptés au bout de quelques semaines, autant certains autres mettent parfois plus de six mois à s’habituer à l’humain. Quoiqu’il arrive, si vous avez écouté nos conseils et que vous avez respecté le comportement du chat, et que celui-ci avance lentement, ça n’est pas de votre faute. Il y a divers facteurs qui entrent en compte, certains très mystérieux. Un chat va avancer à pas d’escargot avec une personne et s’épanouir en quelques jours auprès d’une autre, sans que la méthode ait changé. Les voies félines sont impénétrables !...
Au bout d’un certain temps, généralement 3 ou 4 jours, vous pourrez ouvrir la cage de socialisation, afin que le chat investisse la pièce qui lui est consacrée, et se familiarise plus encore avec vous et vos odeurs. Demandez conseil aux membres de l’association si vous avec un doute, une question ! ;) Continuez ensuite comme lorsqu’il était dans la cage, jouez avec lui, parlez-lui, donnez-lui à manger du bout des doigts, tentez quelques caresses sur les joues, sous le menton. Ayez toujours des gestes lents et doux !
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Avec vos chats :
Ça y est, le chat est de plus en plus sociable, il joue, il se laisse approcher, caresser sur la tête, se sent à son aise dans son environnement. En bref, la confiance n’est peut-être pas totale encore, mais le lien est là, il est rassuré, et se sent bien. La période de quarantaine est finie, les éventuels traitements aussi. Il est temps d’envisager la rencontre avec vos chats !
Encouragez d’abord la rencontre indirecte. Reniflements sous la porte, miaulements interrogatifs ou craintifs. Une méthode qui marche bien consiste à échanger deux objets sur lesquels sont imprégnées leurs odeurs respectives : un panier, une couverture, un t-shirt à vous investi souverainement… Certains vous conseilleront le Féliway ou Félifriend, ces vaporisateurs de « phéromones amies ». D’autres vous expliqueront que ce sont des « messages vides », qui n’ont aucun support et donc ne servent pas à grand-chose. À vous de vous faire votre propre avis en consultant les sources qui existent. Sachez tout de même qu’il n’est a priori pas besoin de dépenses supplémentaires, si vous respectez nos conseils, les présentations seront faites dans des conditions idéales.
Au bout de quelques jours ainsi, vous pouvez entrouvrir la porte. Il s’agit bien de l’entrouvrir, et non pas de l’ouvrir. Observez la réaction de chaque côté. Les démonstrations de défense peuvent être spectaculaires, mais il ne faut pas intervenir. Il est extrêmement improbable qu’un chat en attaque un autre de manière réelle et violente si tout à été fait dans les règles. Tout au plus s’en suivront miaulements, grognements, feulements, poils hérissés et autres chorégraphies de crabes danseurs. Au mieux, les truffes se colleront quelques secondes, le temps de faire connaissance.
Par la suite, vous pourrez décider d’ouvrir la porte en entier, et de laisser le chat en accueil sortir de lui-même à la rencontre de nouveau monde. Il ne sortira que la nuit, au début, puis petit à petit, explorera les pièces, et un beau matin, vous le surprendrez dans le salon ! Surtout, soyez bien vigilants en ce qui concerne les portes et fenêtres ! Et laissez-lui toujours accès à sa pièce habituelle, qui sera en quelque sorte son QG de repli ! Mais déplacez progressivement la litière et les gamelles au même endroit que ses congénères, ou si vous n'avez pas de chats, dans un endroit plus courant (cuisine en général).
La socialisation en présence d’autres chats est la plus rapide et la plus adaptée. Ainsi, en vue de sa future adoption, nous pourrons observer la tolérance du chat à ses congénères, et privilégier une adoption « avec chats » ou « sans chats ».
Les chats de l’hôpital, nous ne le disons pas assez, sont extrêmement vifs, intelligents. Ils vont beaucoup observer vos chats, votre comportement avec eux et leurs réactions avec vous, et peu à peu, vont s’intégrer à la vie de famille, en copiant vos chats. « À Rome, vis comme les Romains ! » Les chats semblent avoir cette maxime comme ligne de conduite !...
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Bientôt, vous pourrez nous appeler pour nous annoncer qu’il est temps de diffuser pour faire adopter ce petit ange ! (Ou bien vous aurez craqué et vous nous annoncerez que finalement, vous le gardez, parce que ces yeux-là, ce ventre-là, ce chat-là, vous l’aimez, et vous ne pourrez plus le laisser partir… Vous souriez sans doute, mais vous n’êtes pas à l’abri, on vous le dit…)
Vous n’avez pas de chat (ou autres animaux) :
Et alors ? Rien ne vous empêche pour autant de devenir FA pour un de nos protégés. La socialisation sera peut-être juste un peu plus lente, et encore ! Tout se passera exactement de la même manière que pour les étapes décrites précédemment, à la différence près que vous n’aurez pas à faire de présentations. Vous avez un chien, un hamster, un cacatoès ou autre animal ? C’est un cas particulier, renseignez-vous directement par téléphone avec l’un des membres de l’association.
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Quelques remarques
Un chat n’est pas un chien : l’éduquer de la même manière est absurde. Tout au plus peut-on faire des compromis avec le chat, lui faire comprendre qu’on ne réveille pas les gens en plein milieu de la nuit pour jouer, qu’on ne grimpe pas sur la table pour se servir dans les assiettes. Mais l’empêcher de faire ses griffes pour marquer son territoire est une atteinte à son comportement naturel. Vous pouvez placer des arbres à chat, grattoirs en carton, et autres bouts de moquette bouclée à des endroits stratégiques (visibles par tous, à la verticale, contre un mur) afin qu’il les préfère au canapé, mais vous ne pourrez pas l’en empêcher.
En conclusion Eh bien, ça n’est pas si compliqué que ça ! Maintenant que vous êtes paré, lancez-vous ! Ne serait-ce qu’une fois, pour tester… ça sera toujours un chat de sauvé ! Et dites-vous bien que chaque expérience de socialisation est unique en son genre, et apporte son lot de surprises, de grands moments, de franches rigolades, aussi. Et puis, encore une fois…
Merci !
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