3 Octobre 2013
En mai 2012, nous vous annoncions la mise en veille du blog.
Après cinq années de travail intense sur le terrain, la population des chats sur site était stabilisée grâce à la stérilisation et à la sortie de nombre d'entre eux qui coulent désormais des jours heureux au sein de leur foyer.
Mais dans le même temps, l'association a dû faire face à l'apparition régulière de nouveaux chats. Chats qui pour un certain nombre d'entre eux étaient sociables, et évidemment complètement perdus dans cet environnement hostile…
À chaque fois, il fallait tout recommencer, encore et encore. Trapper, stériliser, héberger le temps de la convalescence, chercher une solution. Et bien sur ne compter que sur les même (trop rares et trop sollicitées) personnes.
Alors le découragement gagne lentement, insidieusement, inexorablement.
Et la question se pose : doit-on médiatiser à travers le blog la sortie de tous ces nouveaux arrivés sur site ? Le revers de la médaille n'est-il pas d'inciter, bien involontairement, des personnes à choisir ce site pour abandonner "puisqu'une association va prendre soin d'eux"…
Décision a donc été prise à l'époque de ne plus communiquer les nouvelles des chats sur site via le blog.
Mais le travail sur le terrain a continué, et a creusé le sentiment d'impuissance, d'usure.
Pour certains chats, nous sommes certaines qu'il s'agit bien d'abandons sur site. Pour d'autres, il s'agissait de chats égarés qui ont pu retrouver leur famille (ils feront prochainement l'objet d'un article). Et tous évoluent parmi nos "vieux de le vieille" de l'hôpital.
Aujourd'hui, nous poursuivons donc ce qui a été entreprit depuis quelques années maintenant, et relançons l'activité du blog. Car ces chats ont besoin d'aide, l'association a besoin d'aide. Et l'histoire de tous ces chats doit être connue pour trouver cette aide.
Rendez-vous était donc pris hier avec Irène pour une visite sur site.
J'avais bien sûr suivi l'évolution via Marion ou Irène, mais n'étant pas allée sur l'hôpital depuis un moment, je m'attendais à ce que l'émotion soit forte. Et ce fut le cas…
J'arrive donc pour une nouvelle visite sur place. Passé l'angle du bâtiment à droite, les larmes montent. Sous cet immense parking reposent les lieux-dit Gastro, les Poilus, l'Oranger et Jardin Central. Tous ces lieux de vie qui ont abrité tant de chats dans le passé sont donc désormais sous un linceul de béton.
Me reviennent les images de l'époque où tous ces chats survivaient dans ces lieux, lieux qui paraissaient préservés comparé au spectacle qui s'offre à moi, à ce balai infernal de voitures.
La nostalgie me gagne avec le souvenir d'avoir connu sur place Lilith, Saint Jean, Sôma, Petite Jeanne, Dupond, Aragorn, Rackham, Claudel, Gala, Gandalf et tant d'autres... Entre peines et joies, nombre d'entre eux ont quand même pu être sortis à temps grâce à l'association.
Je me gare, Irène me rejoint. Le ciel est gris, il fait lourd, humide. "Tu es sur l'ancienne endocrino" me dit-elle. Endocrino. Plume... Cassie...Tout a disparu sous le bitume.
Nous voilà parties au premier point de nourrissage qui regroupe certains chats du jardin central et des poilus : "le palmier".
Voilà. Deux arbustes, un palmier, c'est l'espace de vie qu'il reste pour Shaolin, le Guerrier, Voyou, Béryl, Slow, Camembert, Mosquito...
Béryl, ancien chat des sous-sols de gastro, doit désormais apprendre à naviguer à découvert...
Shaolin est là
De même que Voyou
Qui ne tarde pas à s'éclipser...
Slow et son regard pénétrant
Camembert passe aussi dans les parages
Et pendant ce temps là, le Guerrier profite d'une douceur offerte par Irène...
Point de nourrissage du palmier
Irène et moi nous dirigeons maintenant vers "le point d'eau". Dans une courette en forme de U, un algéco a été installé. Cet endroit a comme avantage d'offrir un peu d'ombre en été. On essaye tant bien que mal de voir un peu de positif dans le triste habitat de ces chats...
Mais qui voilà ?
Mais c'est Comète ! Qui se régalera pendant de longues minutes avec une douceur au thon.
L'autre habituée du point de nourrissage, Topaze, était là elle aussi. Mais cachée sous l'algéco.
Nous l'avons croisé plus tard, de l'autre côté du bâtiment.
Elle s'était certainement glissée depuis ce vide sanitaire de la courette
Point de nourrissage du point d'eau
Nous poursuivons la tournée en direction de l'ancienne médecine B. Un bâtiment y repose sur un vide sanitaire, ne communiquant plus avec aucun autre. C'est dans ce petit espace que sont contraints de cohabiter Miriel, Feeling, Hitam, Jason et deux nouveaux (un jeune chat noir, et un croisé siamois ou sacré de Birmanie).
La belle et féline Miriel
Hitam le grand gourmand
Et le petit nouveau, si doux, sociable et câlin...
Malheureusement, les compagnons d'infortune de ces trois petites merveilles sont restés à l'abri de nos regards ce jour là.
L'inquiétude concernant les vides sanitaires qui servent d'abri à tous ces chats (dont beacoup ne sont jamais vus ailleurs), c'est que le trottoir en gravillons semble être destiné à être bétonné. Quand ? Nous l'ignorons. Mais les gravillons affleurent déjà ces sordides vides sanitaires...
Nous repartons maintenant en direction des autres points de nourrissage, à l'opposé du site. En chemin, nous contemplons les tristes vestiges de ce que fut le territoire de nos protégés.
La Statue des Poilus
Le palmier de la courette de Gastro
Les arbres du Jardin Central
Et ses palmiers, arrachés et déplacés pour la plupart.
De bien sinistres ombres...
Enfin, l'Oranger. Ce pauvre oranger tronçonné, arraché, déplacé qui semble avoir bien du mal à reprendre vie.
Peut-être les âmes de certains chats disparus le rappellent à elles qui ont vécu à l'abri de son feuillage.
Nous voici sur le secteur de l'ancienne Neuro, coin nettement plus tranquille pour les chats, et un peu plus de verdure aussi. Peu de chats présents ici cet après-midi, mais voyez qui est venu nous faire un clin d'oeil...
Symphony
Tango
Les museaux de Charly, Hebdo, Twist et Hector ne se sont pas montrés.
Nous avons ensuite pris le chemin de la cuisine et du point de nourrissage à l'arrière, près des anciens pavillons. Mais là encore aucun dans le vacarme des camions de l'hôpital d'un côté, le boulevard très passant de l'autre. Seul un chat blanc à poils longs, manifestement sourd, a pris la fuite en nous voyant...
Je reprends donc le chemin de la maison le coeur lourd. Lourd de souvenirs. Lourd de retrouver tous ces vieux compagnons dans un espace de vie se réduisant comme peau de chagrin. Lourd de laisser derrière soit de jeunes débarqués qui semblent si faciles...
Après 1h30 de route, j'arrive enfin à la maison, et que vois-je ? Vous le reconnaissez ?
Alors si ce bonheur a été possible pour lui, comme pour tant d'autres, grâce à la pierre que chacun ici a ammené à l'édifice, on peut sans doute le faire encore ? Non ?