Chère Eowin,
Eowin, il y un an nous sommes venus te chercher dans ta famille d’accueil. C’était le 26 décembre 2008. Journée mémorable à tous points de vue : une longue route, la tempête de neige dans une région où c’est tout à fait inhabituel et toi encore si récemment sortie l’hôpital où tu avais vécu jusque là …
Pas un miaulement dans la voiture, dans la boite de transport tu es cachée sous ta couverture … Pourtant 450 kilomètres c’est long pour une petite minette qui ne comprend pas bien ce qui lui arrive …A la maison, dans la chambre que je te donne, tu investis rapidement le dessous du lit … Tu dois prendre des repères et t’assurer de la sécurité de ton nouveau territoire. Je te laisse faire.
D’ailleurs dans la maison les dessous de meubles n’ont aujourd’hui plus de secrets pour toi !
Très vite j’ai droit à d’incroyables câlins, d’une intensité extrême, comme je n’ai jamais connu … des câlins d’une force étonnante, comme si ces câlins tu dois me les voler, ou comme s’il ne doit pas y en avoir d’autres après … des câlins entrecoupés de tremblements de tout ton corps que j’interprète comme un trop plein d’émotions qui se déchargent ainsi. Encore aujourd’hui, ces câlins nocturnes que tu m’offres c’est à couper le souffle, toi toute collée sur ma tête, le museau dans mes cheveux et moi le nez dans ton cou !
Une maison, tu ne sais pas ce que c’est.
Mais tu progresses vite, par paliers. Tu es observatrice et futée. Tu cherches à comprendre et tu prends confiance pour avancer ! Au début tu as peur de tout : une enveloppe froissée, les bruits de casseroles, les volets que l’on ferme, un sac en plastique, la grande glace de l’armoire, les gestes un peu vifs, les humains en position debout … la télévision (tous ces gens qui parlent, bougent et te regardent!), et surtout l’aspirateur (cette chose étrange avec un long cou qui se tortille et une tête qui va fouiner partout, une grosse bête qui ronfle, aspire et souffle, qui se déplace sur trois roues selon une trajectoire possiblement aléatoire, un monstre qui, de plus, fait un bruit des plus effrayants)
Heureusement il y a Colibri !
D’ailleurs je vous présente l’un à l’autre assez vite : 8 jours après ton arrivée. Dès les premiers regards échangés, je sais que c’est gagné. Beaucoup de timidité de ta part, mais je vois que tu es ravie ! Et Colibri te roucoule des choses absolument charmantes …
La suite de l’histoire ne dément pas cette première impression. Colibri et toi, vous vous adorez. Colibri est plein d’attentions exquises pour toi et sa présence te fait du bien. Vous aimez être ensemble c’est évident.
tu apprends plein de nouvelles choses. Je me souviens de l’épisode du passage des grues. C’est au mois de février, il fait très beau : soleil et ciel bleu ... J'ouvre les fenêtres de l'étage pour profiter de ce beau temps et je travaille à l'ordinateur. Colibri et toi vous dormez sur un lit ... Grou grou grou …Un vol de grues passe ...Grou grou grou Soudain j'entends : "rou rou" … Et encore : "rou rou" … çà c'est pas les grues ! Je vais voir ... vous avez changé de pièce. Colibri est sur le rebord de la fenêtre, il regarde passer les grues ! Et toi, Eowin tu es sur le lit, et tu interroges Colibri "rou rou ?" Et Colibri se retourne et te réponds "rou rou !". C’est trop mignon ! Tu hésites à sauter sur la fenêtre pour rejoindre Colibri qui t'appelle. ... "Rou rou" ... Tu as sauté, tu es près de Colibri… Grougrougrou les vols de grues se succèdent … En voyant ta frimousse je devine que les vols de grues ne devaient pas passer au dessus de l’hôpital de Perpignan !
Les jeux:
Tu joues beaucoup et tu demandes à jouer ! Alors il a fallu s’équiper ! Poissons en tissu, souris avec ou sans nid, canne à pêche, balles en tous genres, circuit avec des boules ou simple ruban de couleur … Tu adores jouer. Avec Colibri se sont des courses-poursuites ou des batailles pour rire. Et avec moi tu es demandeuse de ces moments d’interaction dans le jeu. J’y adhère volontiers. Tu ne mets jamais la griffe, tu es si douce !
Le jardin:
Trois mois après ton arrivée, je t’ouvre la porte du jardin … sous surveillance bien sûr ! Tu es stupéfaite … mais ravie. Tu es prudente et reviens vite à la porte de la maison à la moindre inquiétude. Heureusement Colibri est là ! Depuis, tous les jours, quelque que soit le temps, tu passes de longs moments dans le jardin. Les fleurs que l’on renifle, les arbres pour faire les griffes, le nid de merles à observer dans la haie, les buissons d’où tu sors en roucoulant pour venir à ma rencontre, les parties de jeu dans l’herbe avec Colibri … tout cela fait le bonheur d’une petite chatte qui n’a connu que la cour desséchée du jardin central de l’hôpital !
Les fenêtres:
Au début, l’extérieur de la maison ne t’intéresse pas. Pourtant je te prends dans mes bras pour te montrer l’environnement extérieur, mais non, tu ne veux pas voir. Dehors tu y as assez vécu ! Cela ne dure qu’un temps. A partir du moment où tu découvres le jardin, tu comprends vite que par la fenêtre du séjour tu peux y accéder directement. Et c’est alors qu’avec beaucoup d’étonnement je te vois, à plusieurs reprises, lorsque les rideaux ne sont pas devant la fenêtre, te précipiter pour … te cogner le museau sur le carreau ! Une anecdote comme celle là me rappelle la réalité de ta vie antérieure, Eowin. Les vides sanitaires de l’hôpital dans lesquels tu vivais, étaient dépourvus de vitres …
La chasse:
Si je disais que c'est un défaut, j'oublierais que tu es un chat … Rien de ce qui vole, trottine, lézarde ou butine n'échappe à tes pattes, hélas … Rien … Tu es observatrice, patiente, astucieuse et adroite ... Je t'ai vue sauter très haut pour attraper un oiseau en plein vol ! Et ne me dis pas que c'est Colibri qui t'a montré … Non, Colibri n'a jamais attrapé quoi que ce soit. Il se demande bien d'ailleurs pourquoi tu en fais autant ... Il t'a même montré la réserve de croquettes !
Je pourrais encore et encore, raconter de multiples anecdotes qui ont jalonné cette première année de ta vie dans une maison, mais le lecteur pourrait se lasser …et je vais donc m'arrêter là, en espérant que ton histoire donnera envie à d'autres de se lancer dans l'aventure de l'adoption d'un chat de l'hôpital …
Eowin je ne te connais que des qualités : tu es douce, affectueuse, intelligente, expressive, joueuse, drôle et déterminée et tu as un potentiel énorme que je n’ai pas fini de découvrir … Quand tes roucoulements délicieux enchantent la maison, quand ton ronron si doux m'envoûte, quand ton regard les yeux dans les yeux me fait fondre et quand tu souris les yeux mi-clos, que je t'aime, mais que je t'aime ! Eowin, tu es devenue ma « Bichette » à moi, tu es merveilleuse et je t’aime à la folie !